LES HIBOUX

Texte : Charles Baudelaire
Musique : François Vey & Hervé de La Haye


Sous les ifs noirs qui les abritent,
Les hiboux se tiennent rangés,
Ainsi que des dieux étrangers,
Dardant leur oeil rouge. Ils méditent.

Sans remuer ils se tiendront
Jusqu'à l'heure mélancolique
Où, poussant le soleil oblique,
Les ténèbres s'établiront.

Leur attitude au sage enseigne
Qu'il faut en ce monde qu'il craigne
Le tumulte et le mouvement ;

L'homme ivre d'une ombre qui passe
Porte toujours le châtiment
D'avoir voulu changer de place.


   Baudelaire en 1864.

Charles Baudelaire (1821-1867)
Le sonnet « Les Hiboux » est tiré des Fleurs du mal, « Spleen et Idéal » (LXVII). La première version de ce texte a paru dans la revue Le Messager de l'Assemblée le 9 avril 1851.